lundi 9 juillet 2012

Faut il fortement taxer les riches?



Faut il fortement taxer les riches?

Ma réponse est OUI. 

Je m'explique.

S'il existe un seuil de richesse nécessaire non seulement à la survie mais à l'assurance de conditions pour que l'homme puisse s'épanouir et être libre d'exercer des choix de vie, il existe également un seuil au delà duquel l'argent n'a plus d'impact positif sur la vie d'un être humain. Certains en sont très conscients puisqu'ils utilisent une grande partie de la fortune qu'ils ont amassée pour améliorer le sort de leur prochain. Je doute que ces dons les empêchent de vivre dans le luxe qu'ils estiment nécessaire pour leur entourage et pour eux mêmes.

J'ajouterais sur ce point que beaucoup de chefs d'entreprise consacrent plus de temps à leur travail qu'à la jouissance des fruits de ce travail. Ils gagnent de l'argent qu'ils n'ont pas le temps de dépenser.

Si amasser une fortune est la récompense associée à la réussite d'une ambition et de qualités personnelles, la léguer est souvent un obstacle, parfois insurmontable,  placé devant ses descendants pour réaliser leur propre potentiel. 

Toute fortune repose sur la contribution d'une masse parfois lointaine et floue mais réelle de personnes plus ou moins riches, plus ou moins pauvres. Toute construction et jouissance d'une fortune repose sur une société qui assure les conditions nécessaires pour cette construction et cette jouissance (citoyenneté, éducation, système de santé,   propriété privée, sécurité, justice, libre entreprise, autres éléments liés à la méritocratie...). Selon ses origines et son parcours, le "riche" bénéficie plus ou moins de ce système mais il en bénéficie toujours. La personne fortunée est donc en partie redevable à l'autre de sa situation. Il est donc normal qu'en retour il donne une partie de sa fortune. En outre, il pourrait au moins comprendre que maintenir les conditions de sa réussite pour les générations qui le suivent est nécessaire aux à ceux qui pourraient suivre ses pas, comme lui a bénéficié de la contribution de ses prédécesseurs. Les "Je me suis fait tout seul" et "Après moi le déluge" n'ont pas de "bon sens" comme au dit au Québec.

Si je considère comme normal de fortement taxer les riches, il est également essentiel que la richesse reste le moteur d'une ambition personnelle. Je trouve cela triste mais la plupart des hommes ont besoin de s'élever matériellement au dessus des autres, de jouir d'un confort de vie au moins virtuel et de pouvoir mesurer le niveau de leur réussite pour exercer leur potentiel. S'il faut ponctionner une partie de la fortune des riches, il ne faut pas la détruire pour autant.

L'argument de "la fuite des talents et des ressources" m'intéresse énormément. Il est pragmatique et peut être réaliste.

Que lui opposer?

Pour moi, l'exil fiscal est une faute morale. C'est la conséquence d'un égoïsme forcené qui a sans doute gouverné la conduite de ces personnes dans leur carrière, une conduite résumée par la formule "La fin justifie les moyens". Si de telles personnes contribuent à la société, c'est par accident et "à l'insu de leur plein gré". Si leur richesse a été construite dans le respect de la loi, beaucoup certainement l'auraient tout au si bien établie en dehors. Certains l'ont fait en partie.

L'exil fiscal et ses risques devraient donc être assumés par l'état et puni. Cependant cette punition devrait présenter certaines caractéristiques.

Elle devrait avoir une dimension pragmatique. Le coupable devrait en ressentir les conséquences.

Elle devrait être réversible. Tout le monde à le droit d'évoluer et devrait pouvoir en recueillir le bénéfice.

Surtout, surtout, elle devrait se placer dans le domaine de la morale. Toute confiscation de biens opposerait un égoïsme collectif à un égoïsme individuel, introduisant une confusion des valeurs, renforçant les coupables dans leur conviction d'avoir raison, les empêchant un travail d'auto-critique nécessaire. Non, l'Etat devrait adopter une attitude à la fois déterminée et "noble". "Profitez de votre argent comme vous voulez, mais soyez prêts à en payer certaines conséquences, conséquences qui pourraient vous faire réfléchir sur le bien fondé de votre attitude".

Pour moi, une réponse adéquate à l'exil fiscal serait une interdiction d'entré sur le territoire français, interdiction annulée en cas de retour fiscal.

L'état afficherait ainsi sa volonté d'interdire le franchissement de ses frontières à des citoyens français (pas question de leur retirer leur citoyenneté) dont l'attitude envers la nation française n'est pas compatible avec les valeurs de la république.

La sanction pourrait également aider certains exilés à revoir leurs propres valeurs: les difficultés pour revoir des amis moins riche ou plus altruistes, l'impossibilité légale de revisiter des lieux bâtis par des pauvres, pourraient les conduire à rétablir un lien perdu entre leur personne et la communauté dont ils sont issus. 

AD

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire